samedi 2 février 2013

From Alex Hong Kong.




Mojito.

(Photo : Guy Malugani)

Intime et horrible.




"Intime et horrible !" dit le général Grant à Abraham Lincoln.

Tout est dit en deux mots. Et ce, au bout de 2h30mn du 27ème souffle cinématographique de Steven Spielberg. De son incontournable filmographie, c'est peut-être le plus retenu, le plus doux, paradoxalement au milieu de la violence entre deux peuples du même pays. Violence des hommes, mais là, violence entre américains, sans doute la plus dure. Il faut filmer les dents de la guerre. Mais pour arrêter cette violence, il faut se faire violence, politiquement. Abolir, pour mieux vivre entre américains. Le duel est permanent.
Pour comprendre ce combat idéologique, il faut aussi mettre en scène l’intériorité, la complexité des négociations, les trahisons, les doutes. Il faut sauver le soldat Amérique.

Il faut donc mettre en scène l’intime. Et prendre son temps. Toute la force du film est là. Il faut tenir, au milieu des joutes politiques, au milieu du chaos de la guerre intérieure américaine (pour une fois) Alors, avec le regard de l'innocence, il faut suivre la charrette, le sang qui coule, les membres qui vont devenir poussière. 

Inoubliable scène.

Il faut donc mettre en scène l’horrible . Pour arrêter tout cela, il faut imaginer, construire un nouveau concept, abolir l’esclavage mais surtout abolir le racisme intérieur et latent d’un immense pays éclaté en plus de 50 états.
Tout se dit progressivement et au fil des images, on reconnaît bien là le producteur de MEMOIRES DE NOS PERES et LETTRES D’IWO JIMA.

Il faut tenir. Always. Mais il faut aussi aboutir. Le cinéma de Steven Spielberg aboutit toujours. Mais là avec une force de narration, de construction d’images tellement forte qu’elle engendre miraculeusement sur la fin du film, une rare douceur, une chaleur unique renforcée par la sublime musique (peut-être sa plus belle) de John Williams avec le Chicago Orchestra Symphony. 
On a envie de se lever, de voir le film debout.

Larmes aux yeux, le final musical du 'The Peterson House" d'une durée de 11 minutes est monumental.

Le ton est donné. Le ton de l'image aussi et surtout tout un immense travail sur une nouvelle couleur. Pas de nom possible à cette couleur. Pas de couleur pourpre. Non. Un ton entre le noir et le bleu. La belle complicité entre Messieurs Janusz Kaminski et Steven Spielberg.

Dans le regard presque taquin du grandiose Daniel Day Lewis, il y a du Indiana Jones, du Oscar Schindler, du Quint, du John Miller, du Avner Krauftmann et et bien d'autres. Tous ces regards réunis en un seul. Celui de cet homme, Abraham, qui rêvait de pouvoir marcher au milieu de la ville sainte, Jerusalem. Celui du président d’un Etat qu’il voulait par-dessus tout, uni. 
Le regard du 16ème président des Etats-Unis, mais là, indestructible, le plus beau des regards, celui du cinématographe. 

Le beau, le grand, le très grand cinéma.

Guy Malugani.