PUSH THE SKY AWAY
4h10 du matin ce dimanche 28 juillet 2013 et près de 30° dans mon salon, je dois quand même m'allonger et me reposer un peu.
Je viens de finir le montage de mon petit film sur le concert de Nick Cave & The bad seeds qui a eu lieu la veille au Théâtre antique de Fourvière à Lyon. Mon court-métrage dure près de 8 minutes, c'est l'intégralité de la chanson "Stagger Lee". A voir à la fin de mon texte.
Réalisation particulièrement épique dans "la fosse aux lions" du théâtre romain de Fourvière, au milieu des bras et des doigts, des têtes, des corps remuant autour du moi, se mouvant au rythme lourd et intense du mémorable "Stagger Lee". Il faut tenir bon l'objectif de la caméra numérique, ne pas trembler, ne pas défaillir, résister à la poussée des "body snatchers".
Près de 37° toute la journée sur Lyon et à 22h quelques minutes avant l'entrée du groupe, au milieu de la fosse. Mon voisin de gauche lit Alain Finkielkraut. De belles femmes sont là. Normal, Nick Cave est un séducteur mythique. Certains changeant même de tee shirt pour être plus à l'aise. Fourvière est plein à craquer. Les body snatchers sont assis derrière nous. Les bad seeds suivi du "prédicateur" attaquent le "push the sky away", dernier morceau du dernier album qui sera glorifié pratiquement dans son intégralité. Comme les Doors, this is the end. Le socle du concert, ce sera cet album monumental de 9 morceaux incandescents. Le "décor" musical est planté en deux minutes, chacun musicien avec son espace, avec sa liberté dont l'un sera un peu privilégié (et c'est bien naturel) Mister Warren Ellis, dos tourné au public façon Miles Davis.
Je suis près de la scène, je voulais vivre et partager le plus près possible cet intimité presque théâtrale que va mettre en place Nick Cave. Cet homme de 56 ans comme toujours transcendé par sa créativité du moment, c'est le "Push the sky away" qui sera de la fête.
Nick Cave est au rock ce que Fritz Lang était au cinéma. Comme le maître allemand, il commence toujours ses phrases en vous disant "Je vais vous raconter une histoire....". Chaque chanson est une histoire. Et v'lan, dès le deuxième morceau, le majestueux Jubilee Street, lent, profond, mélodique au début, presque d'essence nostalgique, se développe progressivement avec une force "marine" et, après un break étourdissant, s'élève tel Moby Dick et nous emmène dans un tourbillon grandiose mélangeant le rock, musique celtique voir psychédélique avec aux commandes un Nick Cave tel un grand pantin désarticulé et fou et un Warren Ellis cassant sa guitare pour mieux appréhender son violon et son archet qu'il tend en l'air comme une flèche. dans une pose très Méphistophélès.
On regarde cela le souffle coupé. Le regard bloqué. L'archet de Warren Ellis n'est pas une flèche empoisonnée mais une flèche d'amour. Warren Ellis, le plus fidèle des bad seeds, veut mettre les choses au point immédiatement, dès le 2ème morceau. Avec Nick Cave, c'est le deuxième poumon du groupe et tout au long du concert, les deux artistes vont évoluer l'un à côté de l'autre, se regardant en permanence, se touchant souvent en se jaugeant, se poussant même comme deux gamins. C'est comme une sorte de joute d'où jaillit une créativité immédiate, du pur live. C'est très fort.
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