vendredi 17 juillet 2015

LE REDOUTABLE HOMME DES NEIGES de Val Guest (1957)


HAMMER FOR EVER.

Grand plaisir affirmé de revoir ce film sur la chaîne Ciné FX dans une bonne V.F d'époque mais surtout un superbe noir et blanc scope HD.
Réalisé en 1957 (belle année) par Val Guest et surtout produit par la mythique maison britannique Hammer et qui préfigure la grande saga des années 60/70 avec les Dracula et Frankenstein.
Avant la flamboyance des couleurs et du kitsch qui sera la marque de fabrique de Hammer, ce film de Val Guest restera comme un des rares fleurons noir et blanc et qui ne vieillit pas, bien au contraire.
Le scénario est développé autour de la recherche du Yéti, de l'abominable ou plutôt in fine rebaptisé "le redoutable homme des neiges" Il se cache dans les sommets de l'Himalaya et pour mettre en place les recherches, les cordées, il faut d'abord s'entretenir avec les moines tibétains. 
Tibet contre Royaume-Uni, deux pensées vont se confronter tout le long du film.
D'un côté, la recherche de soi et du spirituel et ce sans violence ni gain, et de l'autre la quête de la capture d'un être mi-homme mi-singe (on ne le sera jamais d'ailleurs) en vue d'une exhibition commerciale en occident et pays anglo-saxon. Référence directe à KING KONG.
On veut rechercher un animal, ou un homme très grand ou un singe très grand ou un tueur "naturel" n'évoluant exclusivement dans la plus haute chaîne de montagnes du monde.
En soi, il s'agit d'une belle quête noble et excitante et menée pas une équipe de scientifiques et professeurs émérites.
Mais cette équipe va se heurter à une conception philosophique à savoir le bouddhisme. Cela restera l'axe du film au milieu d'une série de péripéties montagneuses plus ou moins bien rythmées et filmées. Le mariage de certains décors naturels et surtout des studios ne sont pas toujours très finement approchés et il y a quand même certaines redondances au milieu du film. De lourds et longs bavardages entre les protagonistes ne viennent pas pas arranger la dynamique du récit.

CUSHING OR NOT CUSHING.

Alors comment rester captivé par la traque de cet "horrible" homme des neiges. La mise en scène de la peur pour commencer est remarquablement traitée. Tout le monde se méfie de tout le monde et le seul qui va garder le cap en écoutant et sauvegardant les avis de chacun, c'est le docteur John Rolasson formidablement interprété par l'immense Peter Cushing.
C'est un rôle extraordinaire pour Cushing qui peut se laisser aller à souhait dans son registre de personnage-professeur qu'il affectionne particulièrement. Cushing n'a pas de concurrence face à lui. Pas de Christopher Lee ou d'Herbert Lom. Il va royalement faire vivre son personnage en développant tout son jeu et sa finesse anglo-saxonne. Ses attitudes, son placement dans le cadre et surtout ce visage émacié et ce regard qui annonce le climax de peur à venir. 
Peter Cushing est extraordinaire et peut-être avec ce film au plus haut de sa monumentale carrière.

L'INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L'ÊTRE.

Pendant près de 2 heures, on est à la recherche de l'abominable, du redoutable, de l'insoutenable du soi-disant "homme-grand-singe", tueur d'hommes. Et sans jamais le voir. 
Hormis la scène un peu maladroite de la grosse main avec les doigts aux ongles très fumanchu mais qui ne fait absolument pas peur.
Le but n'est pas de montrer la créature mais de l'imaginer constamment. Ce sont d'ailleurs de beaux moments de cinéma parfois comme la scène du personnage qui part seul dans la montagne et que l'on retrouve sans vie, la bouche déformée par une vision d'horreur. 
Cette vision d'horreur est en fait leur propre reflet dans cette quête de l'appropriation d'un être libre évoluant dans un milieu le plus naturel et inaccessible du monde.
Progressivement on s'aperçoit que la quête des scientifiques mal-attentionnés va se transformer en une élimination physique de chacun mais par par la "bête" elle-même mais par leurs propres pensées, leurs propres folies. 
C'est leur exigence uniquement intéressée et commerciale qui va les assassiner.
Et pendant cette hécatombe montagnarde, haut dans les altitudes, c'est le sage, le Lama restant dans son temple qui va ressentir par la pensée l'erreur fatale commise par l'équipe de chercheurs.
Ce Lama qui avait essayé de convaincre l'équipe scientifique des dangers d'une telle recherche et qui avec une sage philosophie acceptera la dernière explication du Docteur Cushing tout en restant convaincu que le véritable et redoutable homme des neiges n'était qu'une simple forme de peur psychologique pouvant entraîner une sorte de destruction de soi-même.

Un beau moment de cinéma, nostalgique, mais plaisant et assez profond.

Guy Malugani.





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