lundi 17 octobre 2016

Walter Hill à Lyon (Festival Lumière 2016)



Le Festival LUMIERE a présenté 180 films sur 8 jours du 8 au 16 octobre 2016.
C'est à dire un peu moins de la moitié de ce que je vois au cinéma en un an.
Ayant déjà vu 155 films de la programmation Lumière, il me restait donc un petit quota de 25 films à découvrir dont 3 avant-premières et 4 documentaires. Ok j'assure en calcul.
Après étude du programme complet, mon choix se porta sur 4 films. 
1/ L'avant-première du nouveau film de Walter Hill (Re)Assignment. en sa présence.
2/ Le premier film réalisé par Jack Nicholson Drive, he said très sérieusement présenté par Quentin Tarantino et beaucoup moins par Delphine Gleize.
3/ Break up, érotisme et ballons rouges de Marco Ferrreri présenté par Gian Luca Farinelli, directeur de la cinémathèque de Bologne.
4/ Du soleil dans les yeux d'Antonio Pietrangeli présenté par l'actrice Clothilde Courau.
Le budget de mes dépenses Lumière s'élève donc à 24 euros (sans compter le coût de l'essence pour accéder à chaque salle du festival)
Ce n'est pas le prix d'un simple menu proposé tous les jours au Festival Lumière rue du premier film.

vendredi 14 octobre 2016

Je vous écris cette lettre.


LE SOUFFLE DE LA TEMPÊTE d'Alan J.Pakula.


Réalisé en 1978 le film a été très mal accueilli commercialement et du coup le public américain l'a boudé. Ne parlons pas de sa carrière en France où il est passé pratiquement inaperçu.
J'ai tenu à revoir ce film suite à l'excellente surprise de la nouvelle vision il y a quelques jours du PARALLAX VIEW avec Warren Beatty. Et de surcroit j'ai toujours été séduit par le cinéma d'Alan J.Pakula des années 70. TCM programme régulièrement le culte LES HOMMES DU PRESIDENT et KLUTE a été réédité en salles il y a quelques temps.
Le côté étonnant dans LE SOUFFLE... c'est que l'action se passe en 1945 dans les contrées du Montana et on a vraiment l'impression d'être dans un western de Ford ou Mann donc de suivre une action dans le fin 19ème.
Le scénario est simple, très posé et terriblement universel. La recherche du pétrole et les conflits de deux familles de terriens qui ne donneront rien de bien réjouissant au final.
Cette atmosphère ressemblerait un peu au film de Sydney Pollack LE CAVALIER ELECTRIQUE c'est à dire sur la mise en avant de la nostalgie de l'ouest, des chevaux, des éperons, des troupeaux de boeufs et de la difficile acceptation du progrès scientifique ou minier ou même de l'instauration des premières campagnes publicitaires notamment dans le Pollack.
L'autre rapprochement entre ces deux films est la présence de Jane Fonda qui symbolise le lien entre son père et pour elle un engagement politique et philosophique pour une Amérique plus démocratique et ouverte au monde. Ce combat que Jane avait commencé en 1969 pour le non à la guerre au Vietnam, le soutien aux Black Panthers et l'émancipation de la femme américaine.
Centre nerveux du film et indéracinable propriétaire terrienne, elle est parfaite dans ce beau rôle dessiné par Pakula. Son engagement et son désir d'indépendance correspondent exactement aux grands critères scénographiques du cinéma de Pakula.
Avec une belle mise en scène des magnifiques décors naturels, le film tient la route jusqu'à sa dernière grande scène finale que je considère maladroite voir complètement ratée. L'intrusion dans la propriété de Fonda d'Ewing le vilain, solidement campé par Jason Robards, arrive comme "un cheveu dans la soupe" sans aucune explication préalable. Le duel final entre Ewing et ses comparses face à Jane et James est expédié en trois minutes comme si Pakula ne savait pas finir son film.
Bien dommage.
G.M
A signaler aussi la belle et sensible présence de Richard Fanswoorth, qui deviendra inoubliable quelques années plus tard dans UNE HISTOIRE VRAIE de David Lynch.

samedi 26 décembre 2015

MON TOP TEN 2015.



311 films visionnés au cinéma en 2015, and Top Ten

Mad Max fury road (George Miller)
Every thing will be fine (Wim Wenders)

Les nuits blanches du facteur (Andrei Kontchalovski)

Inherent vice (Paul T. Anderson)

Trois souvenirs de ma jeunesse (Arnaud Desplechin)

Belles familles (Jean-Paul Rappeneau)

Le fils de Saul (Laszlo Nemes)

L’esprit de l’escalier (Elad keidan)

Taxi Téhéran (Jafar Panahi)

Fatima (Philippe Faucon)

A ces dix films je rajouterais deux coups de coeur:

La trilogie de Miguel Gomes Arabian nights particulièrement pour le 2ème volet.

Et aussi un immense respect pour l'unité et la créativité foudroyante du cinéma russe en 2015 avec Alexei Guerman (Il est difficile d’être un Dieu), Andrei Kontchalovski (Les nuits blanches du facteur) et Alexandre Sokourov (Francofonia)


mercredi 22 juillet 2015

TRUE DETECTIVE Saison 1 (2014)



TRUE DETECTIVE SAISON 1 (8 épisodes de 55 minutes) est une expérience télévisuelle excitante et assez extraordinaire servie par de nombreux atouts. Les premiers sont sur l'affiche ci-dessus, les deux comédiens (et producteurs) de la série. Ensuite tout s'enchaine très vite quand on a la signature et l'implication de ces deux monstrueux comédiens bien que cela ne soit pas si évident dans un univers télévisuel américain plus que saturé par les montages de séries.
La série est écrite et produite par le génial Nico Pizzolato. A voir sur Dailymotion l'excellent entretien avec N.P lors de sa venue au Forum des images à Paris en février 2014. 
Le thème du couple de flics est l'axe de la série.  C'est un thème souvent chéri dans le cinéma américain des années 80/90 (48 HEURES, ........, .........) et qui va être magnifié dans la saison 1 de TRUE DETECTIVE.
A suivre....

mardi 21 juillet 2015

DIVINE BJÖRK !


BJÖRK A FOURVIERE (LYON) 20 JUILLET 2015.


LA BEAUTÉ STONEMILKER.

A 20h45, les 9 musiciennes et 4 musiciens prennent place sur la scène du théâtre antique de Fourvière. Lentement, avec une allure rigoureuse voir précautionneuse, chacune et chacun s'installe devant son pupitre avec une majorité d'instruments à corde mais aussi de percussions électroniques.
Il fait encore grand jour et la scène est nue hormis les éternelles colonnes ancestrales du site en fond. Un immense écran blanc chapeaute le fond de scène, très en hauteur. Face à l'ensemble musical, près de 5000 spectateurs groggy par l'attente et la chaleur étouffante de la fin de journée mais surtout plongés dans un curieux et profond recueillement avant l'entrée de la Diva.
Sans mise en scène extravagante, Björk entre tranquillement sur scène dans cette tenue toujours aussi "expérimentale" et unique. Déjà, en 5 secondes, sans chanter, elle a réussi à nous magnétiser et marquer son entrée en scène d'une force naturelle, sereine voir très zen avec ce masque sur le visage (vous ne me voyez pas mais moi, je vous vois ! Magnifique)
La Diva est au milieu de la scène et son public arrête de respirer pour ne rien louper des premières notes. La Callas électrisait aussi la Scala il y a 50 ans à Milan à l'ouverture de la Traviata ou la Norma.
C'est pareil ce soir mais au lieu d'une Traviata ou une Norma, c'est Vulnicura, titre-emblème du dernier album de Bjork, que notre poupée islandaise va mettre à l'honneur sur cette mythique scène antique. 
Et cela démarre plus que très fort par ce renversant STONEMILKER, premier morceau de l'album que Bjork aurait écrit un peu avant sa rupture avec l'artiste Matthew Barney. Accompagnée par le très grand sérieux musical de son groupe. Björk avec une voix d'une rare force affirmée nous tire vers le haut. Elle nous tient par une main avec sa voix. Elle veut nous emmener avec elle vers le très haut et c'est déjà tellement beau en l'espace de 7 minutes qu'on a presque du mal à comprendre ce qu'il nous arrive. 
La beauté des harmonies, la tendresse musicale des violons, il se dégage une drôle de sensation presque de vertige. Pourquoi ? Parce qu'elle a réussi en quelques minutes à nous emmener avec elle, dans son univers à elle, à nous inviter à rejoindre ses muses, son pays avec ses insectes et sa nature.
Avec ce premier morceau, on est déjà tellement haut qu'on a presque peur de redescendre. 
Peur de voir après.
Alors, on peut presque tout simplement pleurer, comme je l'ai fait, dans une douce sérénité et heureux d'être là avec une artiste au sommet de son travail vocal et musical.
L'envoutement est là et une forme de repos s'installe en entrainant une impatience légitime à écouter la suite du concert. 

Respect. Comme dirait l'artiste: merci beaucoup, merci bien.



LA VOIX MASQUÉE.

La symbolique du masque. 
La peur derrière le masque. Les marques du vieillissement derrière le masque. La vie avec ses peurs et ses fêlures sentimentales derrière le masque. Comme chez les catcheurs mexicains, la mise en scène de la feinte derrière le masque. La mise en scène aussi très féminine du masque en dentelles. On peut extrapoler sur beaucoup de métaphores 
Mais chez Björk, avant tout, il y a la voix derrière le masque. A l'aube de ses 50 ans, cette voix touche et s'impose toujours autant. Et c'est la voix de Björk relayée en playback sur le gigantesque écran en fond de scène qui va nous emmener, nous connecter avec cette nature qu'elle respecte tant.
La nature, la musique et la voix.
Trois chants d'amour. Sans oublier aussi les couleurs, très chères et constantes dans l'univers de notre poupée nordique. Ce jaune dans la tenue, ce blanc dans les chaussures et la tonalité multicolore dans les plans filmés de Vulnicura.
Elle chante masquée sur scène pendant plus d'une heure trente, sans changement de tenue. Mais ses apparitions filmées sur l'écran sont plus libres, plus naturelles car elle évolue dans une nature magnifique mais rude. Cette nature du nord avec ses froids d'enfer et qui doivent faire mal à la peau.
Le froid qui fait mal à la féminité mais qu'il faut affronter dans le respect de la nature et des animaux, des insectes qui vivent au milieu.


BJÖRK IS LAND.

Vulnicura Live devient progressivement une forme de Microcosmos sur l'écran avec un souci intraitable dans les pixels dans l'espoir d'une perfection d'image. Progressivement pendant son spectacle, Björk nous invite à l'écouter chanter sur scène sans la regarder et en laissant place aux images géantes de multiples insectes filmés en macro.
Hymne à une nature oubliée celle des plus petits. Un autre monde et pourtant c'est le nôtre.
La réflexion philosophique hors-musique commence au milieu d'une suite de morceaux assez proches musicalement les uns des autres. Et c'est justement le coeur de la réflexion, de la démarche de l'artiste à savoir la mise en lumière de la fragilité naturelle de ces petits "êtres" face à un risque d'extermination soit naturel, soit lié à l'humain.
La démarche de l'expérimentation visuelle a toujours été permanente dans l'oeuvre artistique de Björk et aussi dans dans sa vie privée avec Matthew Barney "the cremaster".
Omniprésence d'une nature fragile, on filme donc les plus petits mais aussi on filme une forme de peur animale avec ces serpents inquiétants. Et aussi la référence aux volcans, les éruptions de feu sur le fond de scène accompagné par deux fois dans le spectacle d'une exaltation pyrotechnique.
C'est la voix de Björk qui nous convie à découvrir au même moment d'un côté la force de la nature, celle qui fait peur et de l'autre la fragilité des vies minuscules.
Magnifique.




ENVOUTANT NOTGET.

Avec Björk on est au coeur mais aussi au-dessous du volcan et l'on rejoint quelque part l'immense Malcom Lowry.
On est dessous pour mieux essayer de comprendre le dessus et ses résultantes. Il y a dans le spectacle notamment un clip avec un noir et blanc plastifié étonnant (ouah !) qui nous fait entrer dans un tunnel plus que flippant (très référencé à TETSUO de Tsukamoto et STALKER de Tarkovski) Dans ces images, on descend profond, très profond mais sans jamais atteindre le fond. On a peur car on se dirige vers l'inconnu.
Mais pas pour longtemps car la nature doit s'en sortir parfois avec violence. Par le feu et les glaces. Les volcans symbolisés par une pyrotechnie simple et belle.
Extraordinaire NOTGET !
Ces interrogations philosophiques sont très marquantes et régulières dans la réflexion musicale et vocale de Björk.
A l'aube de ses 50 ans et vu l'intégrité de sa personnalité, elles sont sans doute encore plus accentuées. Vulnicura est une nouvelle richesse dans un parcours d'une créativité constante ce qui laisse préfigurer que Björk peut nous emmener encore plus haut.
Peu d'artiste en sont capables actuellement dans la musique contemporaine. Alors, il faut suivre plus que jamais notre belle artiste, ne jamais laisser tomber son travail.
Continuer à la voir se déguiser, se masquer, se déambuler sur scène comme une gamine de 10 ans, l'écouter sans respirer, s'amuser avec elle.
Et se sentir libre et heureux avec elle pendant une heure trente.
C'est si précieux et si rare.

Guy Malugani.

SETLIST - BJÖRK - LYON 20 JUILLET 2015.


vendredi 17 juillet 2015

LE REDOUTABLE HOMME DES NEIGES de Val Guest (1957)


HAMMER FOR EVER.

Grand plaisir affirmé de revoir ce film sur la chaîne Ciné FX dans une bonne V.F d'époque mais surtout un superbe noir et blanc scope HD.
Réalisé en 1957 (belle année) par Val Guest et surtout produit par la mythique maison britannique Hammer et qui préfigure la grande saga des années 60/70 avec les Dracula et Frankenstein.
Avant la flamboyance des couleurs et du kitsch qui sera la marque de fabrique de Hammer, ce film de Val Guest restera comme un des rares fleurons noir et blanc et qui ne vieillit pas, bien au contraire.
Le scénario est développé autour de la recherche du Yéti, de l'abominable ou plutôt in fine rebaptisé "le redoutable homme des neiges" Il se cache dans les sommets de l'Himalaya et pour mettre en place les recherches, les cordées, il faut d'abord s'entretenir avec les moines tibétains. 
Tibet contre Royaume-Uni, deux pensées vont se confronter tout le long du film.
D'un côté, la recherche de soi et du spirituel et ce sans violence ni gain, et de l'autre la quête de la capture d'un être mi-homme mi-singe (on ne le sera jamais d'ailleurs) en vue d'une exhibition commerciale en occident et pays anglo-saxon. Référence directe à KING KONG.
On veut rechercher un animal, ou un homme très grand ou un singe très grand ou un tueur "naturel" n'évoluant exclusivement dans la plus haute chaîne de montagnes du monde.
En soi, il s'agit d'une belle quête noble et excitante et menée pas une équipe de scientifiques et professeurs émérites.
Mais cette équipe va se heurter à une conception philosophique à savoir le bouddhisme. Cela restera l'axe du film au milieu d'une série de péripéties montagneuses plus ou moins bien rythmées et filmées. Le mariage de certains décors naturels et surtout des studios ne sont pas toujours très finement approchés et il y a quand même certaines redondances au milieu du film. De lourds et longs bavardages entre les protagonistes ne viennent pas pas arranger la dynamique du récit.

CUSHING OR NOT CUSHING.

Alors comment rester captivé par la traque de cet "horrible" homme des neiges. La mise en scène de la peur pour commencer est remarquablement traitée. Tout le monde se méfie de tout le monde et le seul qui va garder le cap en écoutant et sauvegardant les avis de chacun, c'est le docteur John Rolasson formidablement interprété par l'immense Peter Cushing.
C'est un rôle extraordinaire pour Cushing qui peut se laisser aller à souhait dans son registre de personnage-professeur qu'il affectionne particulièrement. Cushing n'a pas de concurrence face à lui. Pas de Christopher Lee ou d'Herbert Lom. Il va royalement faire vivre son personnage en développant tout son jeu et sa finesse anglo-saxonne. Ses attitudes, son placement dans le cadre et surtout ce visage émacié et ce regard qui annonce le climax de peur à venir. 
Peter Cushing est extraordinaire et peut-être avec ce film au plus haut de sa monumentale carrière.

L'INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L'ÊTRE.

Pendant près de 2 heures, on est à la recherche de l'abominable, du redoutable, de l'insoutenable du soi-disant "homme-grand-singe", tueur d'hommes. Et sans jamais le voir. 
Hormis la scène un peu maladroite de la grosse main avec les doigts aux ongles très fumanchu mais qui ne fait absolument pas peur.
Le but n'est pas de montrer la créature mais de l'imaginer constamment. Ce sont d'ailleurs de beaux moments de cinéma parfois comme la scène du personnage qui part seul dans la montagne et que l'on retrouve sans vie, la bouche déformée par une vision d'horreur. 
Cette vision d'horreur est en fait leur propre reflet dans cette quête de l'appropriation d'un être libre évoluant dans un milieu le plus naturel et inaccessible du monde.
Progressivement on s'aperçoit que la quête des scientifiques mal-attentionnés va se transformer en une élimination physique de chacun mais par par la "bête" elle-même mais par leurs propres pensées, leurs propres folies. 
C'est leur exigence uniquement intéressée et commerciale qui va les assassiner.
Et pendant cette hécatombe montagnarde, haut dans les altitudes, c'est le sage, le Lama restant dans son temple qui va ressentir par la pensée l'erreur fatale commise par l'équipe de chercheurs.
Ce Lama qui avait essayé de convaincre l'équipe scientifique des dangers d'une telle recherche et qui avec une sage philosophie acceptera la dernière explication du Docteur Cushing tout en restant convaincu que le véritable et redoutable homme des neiges n'était qu'une simple forme de peur psychologique pouvant entraîner une sorte de destruction de soi-même.

Un beau moment de cinéma, nostalgique, mais plaisant et assez profond.

Guy Malugani.