samedi 26 décembre 2015

MON TOP TEN 2015.



311 films visionnés au cinéma en 2015, and Top Ten

Mad Max fury road (George Miller)
Every thing will be fine (Wim Wenders)

Les nuits blanches du facteur (Andrei Kontchalovski)

Inherent vice (Paul T. Anderson)

Trois souvenirs de ma jeunesse (Arnaud Desplechin)

Belles familles (Jean-Paul Rappeneau)

Le fils de Saul (Laszlo Nemes)

L’esprit de l’escalier (Elad keidan)

Taxi Téhéran (Jafar Panahi)

Fatima (Philippe Faucon)

A ces dix films je rajouterais deux coups de coeur:

La trilogie de Miguel Gomes Arabian nights particulièrement pour le 2ème volet.

Et aussi un immense respect pour l'unité et la créativité foudroyante du cinéma russe en 2015 avec Alexei Guerman (Il est difficile d’être un Dieu), Andrei Kontchalovski (Les nuits blanches du facteur) et Alexandre Sokourov (Francofonia)


mercredi 22 juillet 2015

TRUE DETECTIVE Saison 1 (2014)



TRUE DETECTIVE SAISON 1 (8 épisodes de 55 minutes) est une expérience télévisuelle excitante et assez extraordinaire servie par de nombreux atouts. Les premiers sont sur l'affiche ci-dessus, les deux comédiens (et producteurs) de la série. Ensuite tout s'enchaine très vite quand on a la signature et l'implication de ces deux monstrueux comédiens bien que cela ne soit pas si évident dans un univers télévisuel américain plus que saturé par les montages de séries.
La série est écrite et produite par le génial Nico Pizzolato. A voir sur Dailymotion l'excellent entretien avec N.P lors de sa venue au Forum des images à Paris en février 2014. 
Le thème du couple de flics est l'axe de la série.  C'est un thème souvent chéri dans le cinéma américain des années 80/90 (48 HEURES, ........, .........) et qui va être magnifié dans la saison 1 de TRUE DETECTIVE.
A suivre....

mardi 21 juillet 2015

DIVINE BJÖRK !


BJÖRK A FOURVIERE (LYON) 20 JUILLET 2015.


LA BEAUTÉ STONEMILKER.

A 20h45, les 9 musiciennes et 4 musiciens prennent place sur la scène du théâtre antique de Fourvière. Lentement, avec une allure rigoureuse voir précautionneuse, chacune et chacun s'installe devant son pupitre avec une majorité d'instruments à corde mais aussi de percussions électroniques.
Il fait encore grand jour et la scène est nue hormis les éternelles colonnes ancestrales du site en fond. Un immense écran blanc chapeaute le fond de scène, très en hauteur. Face à l'ensemble musical, près de 5000 spectateurs groggy par l'attente et la chaleur étouffante de la fin de journée mais surtout plongés dans un curieux et profond recueillement avant l'entrée de la Diva.
Sans mise en scène extravagante, Björk entre tranquillement sur scène dans cette tenue toujours aussi "expérimentale" et unique. Déjà, en 5 secondes, sans chanter, elle a réussi à nous magnétiser et marquer son entrée en scène d'une force naturelle, sereine voir très zen avec ce masque sur le visage (vous ne me voyez pas mais moi, je vous vois ! Magnifique)
La Diva est au milieu de la scène et son public arrête de respirer pour ne rien louper des premières notes. La Callas électrisait aussi la Scala il y a 50 ans à Milan à l'ouverture de la Traviata ou la Norma.
C'est pareil ce soir mais au lieu d'une Traviata ou une Norma, c'est Vulnicura, titre-emblème du dernier album de Bjork, que notre poupée islandaise va mettre à l'honneur sur cette mythique scène antique. 
Et cela démarre plus que très fort par ce renversant STONEMILKER, premier morceau de l'album que Bjork aurait écrit un peu avant sa rupture avec l'artiste Matthew Barney. Accompagnée par le très grand sérieux musical de son groupe. Björk avec une voix d'une rare force affirmée nous tire vers le haut. Elle nous tient par une main avec sa voix. Elle veut nous emmener avec elle vers le très haut et c'est déjà tellement beau en l'espace de 7 minutes qu'on a presque du mal à comprendre ce qu'il nous arrive. 
La beauté des harmonies, la tendresse musicale des violons, il se dégage une drôle de sensation presque de vertige. Pourquoi ? Parce qu'elle a réussi en quelques minutes à nous emmener avec elle, dans son univers à elle, à nous inviter à rejoindre ses muses, son pays avec ses insectes et sa nature.
Avec ce premier morceau, on est déjà tellement haut qu'on a presque peur de redescendre. 
Peur de voir après.
Alors, on peut presque tout simplement pleurer, comme je l'ai fait, dans une douce sérénité et heureux d'être là avec une artiste au sommet de son travail vocal et musical.
L'envoutement est là et une forme de repos s'installe en entrainant une impatience légitime à écouter la suite du concert. 

Respect. Comme dirait l'artiste: merci beaucoup, merci bien.



LA VOIX MASQUÉE.

La symbolique du masque. 
La peur derrière le masque. Les marques du vieillissement derrière le masque. La vie avec ses peurs et ses fêlures sentimentales derrière le masque. Comme chez les catcheurs mexicains, la mise en scène de la feinte derrière le masque. La mise en scène aussi très féminine du masque en dentelles. On peut extrapoler sur beaucoup de métaphores 
Mais chez Björk, avant tout, il y a la voix derrière le masque. A l'aube de ses 50 ans, cette voix touche et s'impose toujours autant. Et c'est la voix de Björk relayée en playback sur le gigantesque écran en fond de scène qui va nous emmener, nous connecter avec cette nature qu'elle respecte tant.
La nature, la musique et la voix.
Trois chants d'amour. Sans oublier aussi les couleurs, très chères et constantes dans l'univers de notre poupée nordique. Ce jaune dans la tenue, ce blanc dans les chaussures et la tonalité multicolore dans les plans filmés de Vulnicura.
Elle chante masquée sur scène pendant plus d'une heure trente, sans changement de tenue. Mais ses apparitions filmées sur l'écran sont plus libres, plus naturelles car elle évolue dans une nature magnifique mais rude. Cette nature du nord avec ses froids d'enfer et qui doivent faire mal à la peau.
Le froid qui fait mal à la féminité mais qu'il faut affronter dans le respect de la nature et des animaux, des insectes qui vivent au milieu.


BJÖRK IS LAND.

Vulnicura Live devient progressivement une forme de Microcosmos sur l'écran avec un souci intraitable dans les pixels dans l'espoir d'une perfection d'image. Progressivement pendant son spectacle, Björk nous invite à l'écouter chanter sur scène sans la regarder et en laissant place aux images géantes de multiples insectes filmés en macro.
Hymne à une nature oubliée celle des plus petits. Un autre monde et pourtant c'est le nôtre.
La réflexion philosophique hors-musique commence au milieu d'une suite de morceaux assez proches musicalement les uns des autres. Et c'est justement le coeur de la réflexion, de la démarche de l'artiste à savoir la mise en lumière de la fragilité naturelle de ces petits "êtres" face à un risque d'extermination soit naturel, soit lié à l'humain.
La démarche de l'expérimentation visuelle a toujours été permanente dans l'oeuvre artistique de Björk et aussi dans dans sa vie privée avec Matthew Barney "the cremaster".
Omniprésence d'une nature fragile, on filme donc les plus petits mais aussi on filme une forme de peur animale avec ces serpents inquiétants. Et aussi la référence aux volcans, les éruptions de feu sur le fond de scène accompagné par deux fois dans le spectacle d'une exaltation pyrotechnique.
C'est la voix de Björk qui nous convie à découvrir au même moment d'un côté la force de la nature, celle qui fait peur et de l'autre la fragilité des vies minuscules.
Magnifique.




ENVOUTANT NOTGET.

Avec Björk on est au coeur mais aussi au-dessous du volcan et l'on rejoint quelque part l'immense Malcom Lowry.
On est dessous pour mieux essayer de comprendre le dessus et ses résultantes. Il y a dans le spectacle notamment un clip avec un noir et blanc plastifié étonnant (ouah !) qui nous fait entrer dans un tunnel plus que flippant (très référencé à TETSUO de Tsukamoto et STALKER de Tarkovski) Dans ces images, on descend profond, très profond mais sans jamais atteindre le fond. On a peur car on se dirige vers l'inconnu.
Mais pas pour longtemps car la nature doit s'en sortir parfois avec violence. Par le feu et les glaces. Les volcans symbolisés par une pyrotechnie simple et belle.
Extraordinaire NOTGET !
Ces interrogations philosophiques sont très marquantes et régulières dans la réflexion musicale et vocale de Björk.
A l'aube de ses 50 ans et vu l'intégrité de sa personnalité, elles sont sans doute encore plus accentuées. Vulnicura est une nouvelle richesse dans un parcours d'une créativité constante ce qui laisse préfigurer que Björk peut nous emmener encore plus haut.
Peu d'artiste en sont capables actuellement dans la musique contemporaine. Alors, il faut suivre plus que jamais notre belle artiste, ne jamais laisser tomber son travail.
Continuer à la voir se déguiser, se masquer, se déambuler sur scène comme une gamine de 10 ans, l'écouter sans respirer, s'amuser avec elle.
Et se sentir libre et heureux avec elle pendant une heure trente.
C'est si précieux et si rare.

Guy Malugani.

SETLIST - BJÖRK - LYON 20 JUILLET 2015.


vendredi 17 juillet 2015

LE REDOUTABLE HOMME DES NEIGES de Val Guest (1957)


HAMMER FOR EVER.

Grand plaisir affirmé de revoir ce film sur la chaîne Ciné FX dans une bonne V.F d'époque mais surtout un superbe noir et blanc scope HD.
Réalisé en 1957 (belle année) par Val Guest et surtout produit par la mythique maison britannique Hammer et qui préfigure la grande saga des années 60/70 avec les Dracula et Frankenstein.
Avant la flamboyance des couleurs et du kitsch qui sera la marque de fabrique de Hammer, ce film de Val Guest restera comme un des rares fleurons noir et blanc et qui ne vieillit pas, bien au contraire.
Le scénario est développé autour de la recherche du Yéti, de l'abominable ou plutôt in fine rebaptisé "le redoutable homme des neiges" Il se cache dans les sommets de l'Himalaya et pour mettre en place les recherches, les cordées, il faut d'abord s'entretenir avec les moines tibétains. 
Tibet contre Royaume-Uni, deux pensées vont se confronter tout le long du film.
D'un côté, la recherche de soi et du spirituel et ce sans violence ni gain, et de l'autre la quête de la capture d'un être mi-homme mi-singe (on ne le sera jamais d'ailleurs) en vue d'une exhibition commerciale en occident et pays anglo-saxon. Référence directe à KING KONG.
On veut rechercher un animal, ou un homme très grand ou un singe très grand ou un tueur "naturel" n'évoluant exclusivement dans la plus haute chaîne de montagnes du monde.
En soi, il s'agit d'une belle quête noble et excitante et menée pas une équipe de scientifiques et professeurs émérites.
Mais cette équipe va se heurter à une conception philosophique à savoir le bouddhisme. Cela restera l'axe du film au milieu d'une série de péripéties montagneuses plus ou moins bien rythmées et filmées. Le mariage de certains décors naturels et surtout des studios ne sont pas toujours très finement approchés et il y a quand même certaines redondances au milieu du film. De lourds et longs bavardages entre les protagonistes ne viennent pas pas arranger la dynamique du récit.

CUSHING OR NOT CUSHING.

Alors comment rester captivé par la traque de cet "horrible" homme des neiges. La mise en scène de la peur pour commencer est remarquablement traitée. Tout le monde se méfie de tout le monde et le seul qui va garder le cap en écoutant et sauvegardant les avis de chacun, c'est le docteur John Rolasson formidablement interprété par l'immense Peter Cushing.
C'est un rôle extraordinaire pour Cushing qui peut se laisser aller à souhait dans son registre de personnage-professeur qu'il affectionne particulièrement. Cushing n'a pas de concurrence face à lui. Pas de Christopher Lee ou d'Herbert Lom. Il va royalement faire vivre son personnage en développant tout son jeu et sa finesse anglo-saxonne. Ses attitudes, son placement dans le cadre et surtout ce visage émacié et ce regard qui annonce le climax de peur à venir. 
Peter Cushing est extraordinaire et peut-être avec ce film au plus haut de sa monumentale carrière.

L'INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L'ÊTRE.

Pendant près de 2 heures, on est à la recherche de l'abominable, du redoutable, de l'insoutenable du soi-disant "homme-grand-singe", tueur d'hommes. Et sans jamais le voir. 
Hormis la scène un peu maladroite de la grosse main avec les doigts aux ongles très fumanchu mais qui ne fait absolument pas peur.
Le but n'est pas de montrer la créature mais de l'imaginer constamment. Ce sont d'ailleurs de beaux moments de cinéma parfois comme la scène du personnage qui part seul dans la montagne et que l'on retrouve sans vie, la bouche déformée par une vision d'horreur. 
Cette vision d'horreur est en fait leur propre reflet dans cette quête de l'appropriation d'un être libre évoluant dans un milieu le plus naturel et inaccessible du monde.
Progressivement on s'aperçoit que la quête des scientifiques mal-attentionnés va se transformer en une élimination physique de chacun mais par par la "bête" elle-même mais par leurs propres pensées, leurs propres folies. 
C'est leur exigence uniquement intéressée et commerciale qui va les assassiner.
Et pendant cette hécatombe montagnarde, haut dans les altitudes, c'est le sage, le Lama restant dans son temple qui va ressentir par la pensée l'erreur fatale commise par l'équipe de chercheurs.
Ce Lama qui avait essayé de convaincre l'équipe scientifique des dangers d'une telle recherche et qui avec une sage philosophie acceptera la dernière explication du Docteur Cushing tout en restant convaincu que le véritable et redoutable homme des neiges n'était qu'une simple forme de peur psychologique pouvant entraîner une sorte de destruction de soi-même.

Un beau moment de cinéma, nostalgique, mais plaisant et assez profond.

Guy Malugani.





vendredi 3 juillet 2015

MOI ET TOI de Bernardo Bertolucci (2013)


BEAUTÉ VOLÉE.

Moi et toi. Ou toi et moi. 
Moi, Bernardo Bertolucci et toi, le cinéma.
Ca marche dans les deux sens. et ce depuis 1957, date du premier court-métrage de Bernardo jusqu'à 2013 date de son dernier long-métrage en italien (et c'est plus beau) IO E TE.
Le rappel historique (aïe aïe aïe) s'impose. En 1961, Bernardo fût le premier assistant-réalisateur sur ACCATONE de Pier Paolo Pasolini avant de réaliser son premier long en 1962 LA COMMARE SECCA puis deux ans plus tard le fleuron de la nouvelle vague du cinéma italien PRIMA DELLA REVOLUZIONE. 
Plus de 50 ans plus tard, la "prima" et la "revoluzione" sont toujours dans la tête de Bernardo avec ce film et ce malgré son immobilité physique forcée.

samedi 27 juin 2015

LES MILLE ET UNE NUITS - L'INQUIET de Miguel Gomes (2015)



Mais où va Miguel Gomes ?
Sa trilogie présentée et annoncée comme des l'un des évènements du Festival de Cannes 2015 sort en trois parties sur la période d'été à la fin de chaque mois de juin, juillet et août.

mercredi 24 juin 2015

UNE SECONDE MÈRE d'Anna Muylaert (Brésil - 2015)


LA GOUVERNANTE DE SAO PAULO.

Le Brésil n'est plus champion du monde en football mais s'il y avait une Coupe du monde du cinéma, je le verrais bien en demie-finale.
Chaque année à Cannes ou à Berlin, la présence du cinéma sud-américain est incontournable et s'impose comme l'une des plus riches et excitantes cinémtatographies mondiales. Et ce n'est pas ce premier film qui me mentira. Bien au contraire.
Après avoir vu le film (et même pendant) j'ai eu une pensée pour Glauber Rocha en regrettant qu'il ne puisse voir le film d'Anna Muylaert et donner son avis bien salé comme il savait le faire. Comme à la grande époque du cinéma nuovo et du choc culturel, des débats au sein des cahiers du cinéma et la nouvelle vague française.
UNE SECONDE MERE ne se place pas dans le même registre du souffle révolutionnaire cinématographique de Maître Glauber ou encore de Ruy Guerra. C'est quand même le traitement d'une révolution mais intérieure, dans un clos familial avec ses conflits., ses peines, ses rancoeurs et surtout la présence d'une "seconde mère", la vraie mère de tous à savoir la gouvernante.

La vraie mère (comme dirait Poudovkine) c'est elle. C'est Val, c'est son prénom. Incroyable prénom qui symbolise le sillon, le creuset et qui colle parfaitement au personnage central du film (royalement interprétée par Regina Casé et une carrière théâtrale reconnue au Brésil)
Val gouverne à sa manière toute cette famille "dominante" et qui l'exploite dans une tonalité sociale contemporaine. Val est la seconde et vraie mère mais elle veut avant tout, après 10 ans d'absence, retrouver sa fille.

SOCIAL ET ARCHITECTURE.

La fille de Val qui débarque donc dans cet appartement. Sa mère ne lui dévoilant que progressivement ses conditions de vie et surtout cette "chambre-placard" dans laquelle la mère et fille devront co-habiter.
A ce moment-là, un autre film commence et va mettre en relief l'architecture des lieux de vie et aussi d'espérance de vie (magnifique scène du mari amoureux de la fille de Val lui montrant les immeubles modernes qui étouffent le centre Sao Paulo)
Le film devient sublimement double. Les sentiments humains et leurs finalités se confondent au milieu de l'architecture des lieux. La réalisatrice décide que le cadre de vie est aussi important que le sens de la vie des personnages (un peu comme dans LES BRUIT DE RECIFE  autre grand film contemporain brésilien) 
Les cadrages, magnifiques, sont le révélateur de la vie sociale et intime de chaque personnage. 
Les tableaux peints par le mari, la piscine, les chambres, la cuisine, le fameux couloir toujours filmé en plan fixe avec les portes fermées sur les côtés, l'escalier au fond du plan et les extérieurs étouffants, bétonnés à l'outrance.
La culture du bitume (Sao Paulo), le matériel etc prenant le dessus sur la vie de chacune et chacun, étouffant toute possibilité de liberté sentimentale.

L'ENFANT ROI

Que reste-t'il comme espoir de vie au milieu d'un tel carcan ? Au milieu d'un tel étouffement caractérisé notamment par la jalousie maladive de la maîtresse de maison vis-à-vis de son mari qui est amoureux d'une jeune fille. 
Tout commence à vriller dans tous les sens. Et Val qui est au centre du film depuis le début, Val comprendra la première cette situation de malaise général.
Val est au centre de tout et elle sait que ce "centre" va l'étouffer. Alors, comme elle est libre au fond d'elle-même, elle comprend qu'il faut s'en sortir très vite.
Démissionner. Partir de son poste d'esclavage de domestique (et cela lui coûte moralement) et naturellement se retrouver elle-même dans un vrai contexte familial.
Ce contexte s'impose naturellement à la fin du film quand elle découvre la petite photo d'un bébé. 
Ce bébé, l'enfant de sa fille. L'enfant devient roi.
Sa petite-fille ou petit-fils devient donc immédiatement son roi ou sa reine.
Alors la nature de Val reprendra ses droits à savoir devenir ce qu'elle aura dû être depuis le début, "domestique" de cet enfant à savoir une vraie grand-mère.
Val ne peut donner tout son amour qu'à un seul être : cet enfant.
Et cet enfant, en voyant le dernier plan du visage de Val, je peux vous dire qu'il sera très, très heureux.

UNE SECONDE MERE est un beau et grand film.

Guy Malugani.






mardi 23 juin 2015

POUR TON ANNIVERSAIRE de Denis Dercourt (2013)



HAPPY BIRTHDAY TO YOU !

Pour ton anniversaire, je ou nous te réservons une belle surprise et un beau cadeau.
Un beau gâteau avec des bougies et un beau sourire pour accompagner cette célébration.
C'est la résultante de toute fête. Passer un bon moment ensemble, avec une famille, ses meilleurs amis et les amis des amis.
Nous avons tous vécu cela au moins une fois dans notre vie et à des âges différents. Sauf que dans ce film de Denis Dercourt (l'un des cinéastes les plus discrets et plus prometteurs du cinéma français) une fête d'anniversaire peut se transformer au plus tragique et au plus sombre des cauchemars. Un ton dramatique comme dans les meilleurs films de Claude Chabrol.

L'amitié entre ados dans une Allemagne fin années 80 et encore sous l'emprise d'une surveillance de police populaire. Cette amitié qui va être trahie par une rivalité amoureuse mais au-delà de çà par des comportements psychologiques très manipulateurs voir machiavéliques des années plus tard. C'est un axe "Chabrolien".
Un univers bourgeois imbu de lui-même au sein un milieu bancaire froid et des couples qui s'épient dans un climat de surveillance permanent. C'est un axe "Chabrolien".
Et après il y a le traitement de l'histoire qui nous est racontée sur plusieurs années et en suivant les mêmes personnages et leurs certitudes. 
C'est dans ce traitement que Denis Dercourt est très fort car il arrive à nous emmener dans un angle de l'histoire qu'on ne pouvait imaginer dès le début.  Et nous sommes dans l'univers-cinéma, de la narration, du scénario et de l'image, le tout servi par un casting au top.




LA RÈGLE DU JEU.

J'ai parlé des parallèles avec le cinéma de Claude Chabrol dans mon introduction mais je tiens à respecter le propre univers filmique et surtout musical de Denis Dercourt.
En effet, nous retrouvons dans ce film la présence de la musique classique symbolisée par le piano, chère et fidèle à Dercourt (LA TOURNEUSE DE PAGES, EN EQUILIBRE) A nouveau, le piano est mis en scène comme un axe, un espace de travail et de liberté comme une aire de repos au milieu des turpitudes psychologiques des personnages.
Les rares moments de piano sont profonds et révélateurs dans le non-dit, propre à déclencher des actions nuisantes de la part du personnage endiablé (magnifiquement interprété par l'acteur Sylvester Groth qui jouait notamment le rôle de Goebbels dans "Inglourious basterds" de Tarantino)
La rigueur du jeu de la jeune fille pianiste, personnage central du film et qui indubitablement nous amène à une régle du jeu implacable entre les deux personnages masculins. Rivaux depuis l'adolescence, mais aussi complices "fraternels" au fil des années d'une sorte de pacte faustien qui ne peut se terminer que dans le sang et le feu. 
La magnifique scène de la partie de chasse au milieu du film m'apparait comme la colonne vertébrale du film. Elle me rappelle dans son ambiance et finalité la sublime partie de chasse de "La règle du jeu" de Jean Renoir. Chacun tient son fusil et cherche à viser quelque chose ou quelqu'un avec beaucoup de maladresse tout en sachant pertinemment la personne que l'on veut tuer. Dans cette scène, le femme de Sylvester Groth (jouée par une incroyable Sophie Rois - photo ci-dessus) prend le pouvoir et ira jusqu'au bout de sa détermination.

L'ANGE DE LA VENGEANCE.

Ce personnage qui est resté dans l'ombre tout le long du film, alors qu'il est "l'objet" ou plutôt "femme-objet" du deal entre les deux hommes, va devenir l'ange de la vengeance. La force et la grande maîtrise filmique et narrative de Dercourt est de brouiller les pistes afin d'arriver à un surprenant dénouement qu'Abel Ferrara aurait sans doute apprécié du temps de sa belle époque.
La vengeance est le thème récurrent du film. L'acte de vengeance, la préméditation permanente dans les actes avec en relais une imagination diabolique. 
Pour arriver à concrétiser ces postures, il faut être confiant dans les comédiens et comédiennes que l'on choisit. Le choix des visages et la profondeur de chaque personnage dans le récit. 
Ces jeux dangereux, comme dirait Ernst Lubitsch, il faut savoir les raconter et les mettre en scène. 

Discrètement, Denis Dercourt continue à faire un beau et profond travail de cinéma.
Avec humilité, cette forme d'excellence est bien là, à tous les niveaux.
C'est rare.


Guy Malugani.

mercredi 29 avril 2015

EVERY THING WILL BE FINE de Wim Wenders (2015)




AU FIL DU TEMPS

En 1984, PARIS TEXAS s'ouvrait sur un paysage désertique et chaud. Le continent africain ou un désert mexicain ou encore une contrée arabe ? A nous d'imaginer. 
En 2015, soit 30 ans plus tard, le nouveau film de Wim Wenders s'ouvre en 3D sur un intérieur chaud, silencieux, ocre et très rapidement sur un extérieur froid et enneigé sans aucune précision de pays. 
Là encore, à nous d'imaginer. Imaginer ce "jusqu'au bout du monde" c'est offrir une trop rare liberté au spectateur. Pour référence, c'était cela aussi ce même air de liberté dans le grand film de Lisandro Alonso LIVERPOOL et c'est un peu le même début.
Le nom du pays n'est plus important pour le globe-trotter qu'est devenu Wim Wenders (un ami proche vient de m'informer qu'il tournait la semaine prochaine près de Barcelone) 
Sauf à ses débuts et donc à l'émergence du jeune cinéma allemand dans les années 70, Wim ne connaissait qu'un pays; l'Allemagne. Et dans ce pays, dans son pays d'origine, il a construit l'une des premières impressionnantes périodes du cinéma contemporain allemand et mondial. 
Au fil du temps, il a parcouru tout son pays et toutes les villes comme son ami cinéaste, fou et génial Werner Herzog et bien d'autres.
Il a creusé une oeuvre cinématographique unique dans le cinéma des années 70/80 avec pour moi comme aboutissement en 1984, peut-être son oeuvre maîtresse PARIS, TEXAS et cette palme d'or qu'il reçut des mains de Dirk Bogarde, président du jury du festival de Cannes. 

Depuis 1985, Wim Wenders a travaillé l'image-cinéma sous trois formes différentes: le documentaire, le film de fiction et la 3D. Sa passion de découvertes, du voyage, de la photographie l'ont amené à concrétiser des oeuvres "de cinéma documenté" importantes tel que BUENA VISTA SOCIAL CLUB, LISBONNE STORY, THE SOUL OF A MAN et même un film majeur avec la sublime 3D dans PINA l'hommage à l'éternelle Pina Bausch.
Quand on aime le Wenders du début, on se disait depuis 1990 que sa voie était tracée dans le documentaire où il réussissait parfaitement face à des films de fiction non inspirés et faibles (LAND OF PLENTY, DON'T COME KNOCKING et THE PALERMO SHOOTING jamais sorti en salles) 
Wim a déclaré récemment: "Je vais bientôt avoir 70 ans et j'ai pris conscience qu'avec les difficultés et contraintes financières, les plannings de chacun etc.. finalement, il me reste peu de temps pour réaliser des films"
En fait depuis deux ans, il travaillait sur un film de fiction, intimiste, loin de l'Allemagne et avec un casting riche et sexy. En adaptant un scénario écrit "sur mesure" pour lui, Wim Wenders réalise son 22ème film de fiction en caméra 3D.

Finalement, au fil du temps, tout ira bien dans le meilleur des mondes possibles.


L'ÉTAT DES CHOSES

Tout ira bien dans le meilleur des mondes possibles.  Every thing will be fine. Encore une liberté, celle d'imaginer une traduction au titre anglais de son nouveau film. 
Or, on peut penser que tout va mal pendant deux heures. Dès le début, avec le manque d'inspiration de l'écrivain, du froid climatique, de la crise d'un couple (James Franco/Rachel McAdams) et puis très vite l'accident de voiture. Le petit garçon renversé par la voiture de l'écrivain, l'intellectuel présumé coupable d'un assassinat involontaire. Mais là où Wenders nous avait laissé avec son Alice dans les villes en 1975, il choisit en 2015 de remettre en scène l'enfance avec le jeune Christopher choqué et muet devant l'accident mortel de son frère et que l'on va suivre pendant presque 12 ans. 
A travers une saisissante image 3D, c'est un nouveau regard sur une enfance endeuillée et une adolescence agressive au sein d'une campagne éloignée.
Dès les premières images du film, une incroyable douceur se dégage dans le premier mouvement de la caméra. Et celui-ci est loin d'être un faux mouvement. Les images de la nature en 3D, la caméra qui se déplace sensuellement avec la musique très "hitchcockienne" d'Alexandre Desplat (très fort) ce climat incroyablement hypnotique qui s'installe progressivement. C'est dans un climat de profonde sensualité et d'une grande et profonde beauté visuelle, la référence aux maîtres Andreï Tarkovski (Stalker) et Douglas Sirk me parait incontournable. Les personnages arrivent lentement et l'histoire s'installe progressivement avec un "piège scénaristique" foudroyant et l'accident de voiture qui passera de l'insouciance à la gravité la plus absolue.
Tout bascule en quelques minutes dans le "tout ira très mal" et comme Travis dans PARIS, TEXAS, le personnage principal de l'écrivain (avec un James Franco très investi et troublant) va s'enfermer dans son mal à l'aise et sa culpabilité entraînant avec lui tous les personnages. Comment être à la fois si loin et si proche.
A partir de là,  le film s'installe dans une forte complexité relationnelle qu'elle soit familiale, de relation dans le couple ou sociale. Il faut être un grand, un très grand cinéaste pour tenter de dénouer tous ces noeuds psychologiques par le cinéma. Et Wim Wenders va tout maîtriser, formellement et intérieurement. 
C'est grandiose du début à la fin. 
En maîtrisant l'image 3D, en rendant les relations si personnelles entre les personnages si proches de nous, comme si l'on était avec eux, Wim Wenders installe une magie visuelle stupéfiante et une grande liberté dans la créativité cinématographique.

LE PRINCIPE DE L'INCERTITUDE

La difficulté est permanente. Les relations entre l'écrivain-intellectuel renfermé, forcément par nature taciturne et ces trois femmes qu'il croise et avec qui il va tenter de vivre, un peu mais en vain. 
Ce tâtonnement, cette incertitude, cette indécision masculine face à une exigence féminine juste, légitime et permanente solidement personnifiée chez les trois femmes qui vont tenter de vivre ou de survivre avec cet écrivain tourmenté à plusieurs niveaux (le père atteint d'Alzheimer, la culpabilité de l'accident, le manque d'inspiration pour l'écriture de son livre, sa stérilité) 
Un personnage d'une rare complexité et que Wenders va affronter et tenter de comprendre avec sa caméra et son outil cinéma. 
Le défi est immense mais Wim s'y connait dans la mise en scène de l'état des choses de la vie.
Incroyable travail de l'acteur James Franco, étiqueté Hollywood" donc très "bankable" et qui dans ce film nous hypnotise et nous transporte avec lui dans des méandres psychologiques complexes et raffinées et très loin des "gros bras" qu'il a l'habitude de jouer aux Etats-Unis. La marque d'un grand cinéaste est aussi de pulvériser les "idées reçues", les codes d'un certain cinéma commercial et de savoir créer, dans le cas d'une immense star américaine comme James Franco, un personnage avec une ambiguïté européenne.
Les trois femmes qui jalonnent sa vie magnifiquement valorisées par l'interprétation juste, maîtrisée et sensible de Rachel McAdams, Charlotte Gainsbourg et Marie-Josée Croze.
C'est un casting de rêve, hyper sexy et qui est magnifié par la beauté des  images et des couleurs de Benoit Debie, directeur photo de tous les films de Gaspar Noé dont le dernier LOVE présenté au prochain festival de Cannes à minuit en séance spéciale.
Le film est une traversée du temps, sur une dizaine d'années avec le passage de l'enfance à l'adolescence. L'enfance meurtrie et renfermée jusqu'à l'adolescence rancunière, nécessairement naïve et aussi agressive (l'urine sur le lit) La violence de cet adolescent qui aboutira à l'explication profonde autour de deux bières entre le "meurtrier innocent" et le frère du mort par accident. 
Je dirais une douce agressivité naturelle de l'adolescent qui aurait pu virer plus mal (la scène grandiose de la dédicace des livres dans le jardin public où l'on sent qu'un flingue peut sortir du sac de l'étudiant afin de tuer Franco) Mais une fois de plus, Wenders nous entraîne ailleurs et ce sera vers la non-violence. The end of violence.

SI LOIN, SI PROCHE 

Maintenant il y a l'émotion. 
J'ai ressenti des moments de grâce et d'émotion très intense au milieu de ce labyrinthe relationnel masculin/féminin. Ces émotions peuvent arriver en voyant une image, une scène formelle, en écoutant un dialogue ou une situation qu'on a l'impression d'avoir déjà vécu.
Un objet. Un marque-page. Un tableau etc.
Quand James Franco sort de la maison de Charlotte Gainsbourg après l'explication qui va les délivrer tous deux, la caméra suit l'acteur dans un mouvement de travelling qui n'en finit pas. Un mouvement qui parait éternel, si beau, si profond qu'il devrait durer des minutes, des heures, une vie. Cette scène est sublime et m'a bouleversé parce j'ai senti que Wenders ne voulait pas l'arrêter mais la faire durer le plus longtemps possible. Un vrai moment de cinéma libre et j'ai repensé à la phrase de François Truffaut dans LA NUIT AMERICAINE:

"Je sais, il y a la vie privée, mais la vie privée, elle est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie, Alphonse. Il n'y a pas d'embouteillages dans les films, il n'y a pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit. Les gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est fait pour être heureux dans le travail de cinéma ».

C'est un moment de grâce cinématographique infinie qui me parait incroyablement profond et qui nous fait mieux comprendre tout l'amour que Wenders porte au cinéma d'Ozu.

Les larmes aux yeux, je pense aussi à cette scène du manège aérien pendant la fête foraine et ce plan fabuleux en 3D des personnages suspendus par-delà les nuages dans un tourbillon de couleurs et de vie. Un plan dément avec des visages grimaçants, apeurés et figés dans ce mouvement circulaire endiablé et presque suicidaire (un accident surviendra d'ailleurs par la suite pendant cette fête foraine)
En écho imagé, là encore, je ne peux pas m'empêcher de citer deux grands créateurs européens que sont Raul Ruiz n'est pas loin avec son HYPOTHESE DU TABLEAU VOLÉ mais surtout, pour ma part, le plus beau film de Manoel de Oliveira, LE JOUR DU DESESPOIR réalisé en 1992. 

Et bien sûr, ces plans de transparence, des vitres urbaines comme de l'eau et le reflet des visages, comme un reflet d'une intériorité suspendue. 
A milieu d'une incroyable beauté des plans intérieurs de café digne des plus belles peintures d'Edward Hopper, le nécessaire dialogue humain arrivera dans une sorte de semi-somnolence qui laisse entrevoir un espoir de tranquillité de vie.

Merci Wim.

Guy Malugani.

A Manoel de Oliveira.



(Photos : James Franco dans EVERY THING WILL BE FINE)

mardi 7 avril 2015

ELEGIE DE LA TRAVERSÉE d'Alexandre Sokourov (2001)



48 minutes de voyage nocturne et onirique qui conduisent Alexandre Sokourov au Musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam où il se projette dans les tableaux de Brueghel l’Ancien (La Tour de Babel) ou Van Gogh, cherchant les liens qui les relient aux paysages européens d’aujourd’hui.
Les thèmes de la transmission par l’art d’une émotion collective et de la rémanence des choses et des lieux hantent la filmographie de Sokourov.

Suite à venir.....


lundi 23 mars 2015

31ème Reflets ibériques : FAROESTE CABOCLO de René Sampaio Brésil)


Le cinéma brésilien, c'est toujours un peu excitant dans le titre, les intentions, le marketing.

31ème Reflets ibériques : MR KAPLAN d'Alvaro Brechner (Uruguay)


Uruguay et cinéma.
On se souvient du chef d'oeuvre WHISKY présenté avec fracas au Festival de Cannes. Mais depuis quoi de neuf à l'horizon comme dirait l'acteur du film avec sa paire de jumelles.


31ème Reflets ibériques : CLUB SANDWICH de Fernando Eimbcke (Mexique)


Aie, aie, aie (à la mexicaine)
La durée du film est annoncée; 1h12 (long et pédant générique compris)
On va dire qu'on est face à une "espèce de long-moyen métrage" mais le gros problème c'est quand on regarde sa montre trois fois en une heure et douze minutes.
Bref, ce CLUB SANDWICH ne restera pas dans les annales des Reflets et l'on a presque tendance à froncer les sourcils et afficher un vrai et total mécontentement de cinéma que ce soit sur le fond du scénario et la "toute petite" forme de cette aventure de vacance familiale.

31ème Reflets ibériques : PRAIA DO FUTURO de Karim Aïnouz (Brésil)


jeudi 19 mars 2015

BIG EYES de Tim Burton (2015)



L'affiche américaine du nouveau Tim Burton est superbe et elle symbolise avec beaucoup de justesse l'histoire du film.
Adapté d'un fait-réel, ce qui est rare dans la filmographie de Burton, BIG EYES nous transporte dans une Amérique début année 60 et plus particulièrement sur la côte-ouest. San Francisco, sa baie, le pont mythique, ses couleurs, ses pentes "bullitiennes" à gogo, le tout retranscrit dans un souci parfait du détail et du plan burtonien toujours aussi bien léché.


HACKER de Michael Mann (2015)


BLEEDER de Nicolas Winding Refn (1999)


mardi 17 mars 2015

EVASION d'Anthony Asquith (1954)


Je continue cette savoureuse découverte de l'oeuvre d'Anthony Asquith sur TCM avec ce film réalisé en 1954 et présenté dans une belle copie remasterisée.
Le titre original THE YOUNG LOVERS rebaptisé curieusement en France EVASION est une histoire d'amour 

MACBETH de Roman Polanski.


Le roi est mort. Vive le roi !
La tête tranchée de Macbeth après le combat singulier face à MacDuff. 

vendredi 13 mars 2015

31ème Reflets ibériques : CANADA MORRISON de Matias Lucchesi (Argentine)



Film argentin sorti en France en fin d'année 2014 dans un circuit de salles plus que minima, les Reflets ont décidé de lui redonner une nouvelle fenêtre dans leur 31ème Festival. 
Une séance à 16h30 un vendredi et voilà près de 80 spectateurs réunis (bon potentiel) dans la salle d'Emile.
Ce n'est pas la durée du film qui va poser un problème (1h11 au moins c'est déjà ca) mais malheureusement une fois de plus le traitement d'un scénario molasson pourtant avec un surprenant rebondissement au milieu du film.
La quête d'une jeune fille de 12 ans à la recherche de son père qui l'a laissé tomber à la naissance, ce n'est pas très novateur comme trame cinématographique mais ce qu'il en sort en final est assez épuisant de mièvrerie.

Tout est lisse. Tout est prévisible. Tout est gentil. Tout est gnangnan.
Chaque fois que Matias Lucchesi engage son héroïne dans une action, le film est comme tétanisé, rien n'avance. On peut comprendre que la rudesse de vie des personnages dans ces "presque déserts"argentins n'est pas facile voir sans avenir mais il faut quand même développer un peu plus de volonté scénaristique justement pour tenter de s'en sortir. 
Et là non. A chaque fois tout s'arrête, tout le monde se regarde et attend. Malheureusement, le spectateur aussi attend trop longtemps jusqu'à lâcher une forme de confiance sincère qu'il avait engrangé au tout début du film.

Même les superbes décors grandioses de cette province argentine du ne sont à aucun mis en valeur.

Ce petit film ne viendra pas perturber les profondes velléités d'un cinéma contemporain argentin d'une très grande richesse, d'une variété notoire. On se souvient des ACACIAS Caméra d'or à Cannes, LE MEDECIN DE FAMILLE, LE FILS DE LA MARIÉE en bien sûr 2014 le grand succès public des NOUVEAUX SAUVAGES)
Donc finalement on garde confiance et viva Argentina !

Guy Malugani.






31ème Reflets ibériques : CINE HOLLIUDY d'Hader Gomes (Brésil)


L'appel est lancé par l'acteur principal du film brésilien CINE HOLLIUDY !

L'image est assez symbolique mais bien réelle et c'est parti pour le 31ème Festival Reflets ibériques !

Une séance à 16h30 un jeudi avec quand même près de 60 personnes dans la salle. Après fait la bise "traditionnelle" à Alain Liatard, bien présent comme si rien n'avait changé, comme s'il était toujours directeur du cinéma (et il l'est toujours dans mon coeur) la séance peut commencer pile à l'heure en faisant péter les piments rouges de la bande annonce du Festival. 
CINE HOLLIUDY d'Halder Gomes (2012) Les années 1970 c'est l'arrivée de la télévision dans un petit état du Nord-Est et elle va se propager parmi les habitants d'une petite ville. Un bien nouveau qui leur était jusque là inconnu mais du coup va faire le public des cinémas. C'est là que Francis va décider avec sa femme et son fils d'acquérir un lieu avec l'accord (intéressé politiquement) du maire et d'ouvrir une salle de cinéma.
Un scénario assez simple et sympathique. D'ailleurs tout le monde est sympathique dans ce film imparfait mais plein de couleurs et de chaleurs humoristiques "doo Brasil" pas très loin de l'univers d'un maître de la comédie brésilienne Joaquim Pedro de Andrade. La référence est inévitable et j'ai une pensée encore toute particulière pour Alain Liatard qui programmait dans les années 70 au Cinématographe à Lyon un colossal festival consacré au flamboyant cinéma brésilien sous toutes ses formes avec notamment certaines oeuvres de Joaquim Pedro de Andrade. J'avais presque 16 ans et les yeux tout écartillé (comme Robert Charlebois) je ne loupais aucune des séances. J'en garde un souvenir très fort. Merci Alain et aussi André Lazare.
Il y a ce même esprit dans le film d'Hader Gomes, la truculence des personnages, des situations insolites et loufoques mais malheureusement avec peu de rythme. Tout est trop arrêté et on a l'impression que chacun se regarde jouer. Inévitablement, un certain ennui s'installe au fur et à mesure des péripéties de cette famille qui cherche à sauver le dernier cinéma de la ville. Il y a aussi des répétitions de scène d'humour notamment quand le personnage principal imite Bruce Lee tout au long du film. C'est sympa, sincère sur le fond, mais l'histoire tourne vraiment en rond à un certain moment.
Je retiendrais donc la vivacité de certaines scènes, la gentillesse du regard porté par le cinéaste sur ses personnages et l'humour des dialogues qui nous donne une impression de liberté et de bien-être. Une forme de joie très latino-américaine qui pourrait se transposer en revoyant un match de la grande équipe du Brésil des années 70 et ses stars Pelé, Rivaldo et Socrates. 
Malgré ses défauts, le film a son caractère et confirme qu'il faudra compter éternellement avec la richesse des toutes les facettes du cinéma brésilien.

Guy Malugani (mars 2015)